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LA MAISON DE M. THIERS.

— À propos, dis-je, en désignant mon ami, mon est avec moi.

— Laisser passer les citoyens ! reprirent en chœur les trois gamins.

— C’est merveilleux ! me dit mon camarade, quand nous fûmes dehors. Comment avez-vous fait ?

— J’ai un laisser-passer du Comité central.

— En votre nom ?

— Non, je l’ai acheté à la veuve d’un fédéré qui était fort bien vu par le citoyen Félix Pyat.

— C’est tout un roman.

— Oui, un roman qui me permet de vivre, sans trop de péril, au milieu de la réalité. C’est égal, mon cher ami, déménageons !

LXXXIII.

Il est dix heures du soir ; je monte la rue Notre-Dame-de-Lorette. Ce quartier, maintenant, est désert à cette heure-là. Je lève les yeux, je vois des flammes hautes que le vent incline et qui éclairent la place Saint-Georges. Je hâte le pas, je suis devant la maison de M. Thiers Près de la grille ouverte, il y a un factionnaire ; de gardes nationaux ont allumé un grand feu dans la première cour, il ne fait pas froid, ils ont allumé du feu pour avoir le plaisir de brûler des chaises et des tableaux oubliés par les déménageurs de la Commune le côté droit de l’hôtel a déjà été entamé par les démolisseurs ; on voit une pioche dont le manche s’appuie à un