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EXPLOSION DE LA POUDRIÈRE DE GRENELLE.

dins après avoir entendu cet alexandrin étrange, à l’adresse, sans doute, de l’Assemblée Nationale :

Puis, quel aveuglement ! quel non-sens politique !

Là, malgré quelques lampions, tout était noir et sombre. Les massifs étaient déjà solitaires, bien qu’il fût neuf heures et demie, à peine. Je fis un tour de promenade ; l’air était froid. Je quittai par la grille de la rue de Rivoli : il y avait presque foule à la porte pour voir « les grands seigneurs qui sortaient de la fête. »

Fête donnée par les domestiques dans la maison déserte.

LXXXVIII.

J’étais chez moi, écrivant. Tout-à-coup une effroyable détonation suivie de cent détonations encore. Les vitre tremblent. Je crois que la maison chancelle. Des détonations encore, toujours ! il me semble qu’on tire le canon dans mes oreilles. Me voilà dans la rue. Tout le monde court, interroge, s’épouvante. On pense que les Versaillais bombardent Paris de toutes parts. Sur le boulevard on me dit : « C’est le fort de Vanves qui a saule. » J’arrive à la place de la Concorde ; des gens vont et viennent, effarés. On ne sait rien. Je lève les yeux. Je vois à une hauteur extraordinaire un nuage opaque. Mais ce n’est pas un nuage. J’essaye encore de m’informer. Il paraît certain que l’explosion a eu lieu près de l’École militaire, doute à la poudrière de Grenelle. Je monte l’avenue des Champs-Élysées. Il y a au loin des crépitements