Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

43
LE PLAN D’ÉVASION.

— Justement. Vous voyez ce corridor en face de nous ? Au bout de ce corridor, il y a une porte qui donne… devinez où ?

— Dans le passage des Panoramas, je pense.

— Oui, monsieur, dans le passage. Vous comprenez le reste ?

— Médiocrement.

— Je m’explique. Les insurgés arrivent ; nous nous précipitons dans ce corridor, nous fermons la porte de la rue, nous gagnons notre poste aux fenêtres du premier étage, et, ma foi, nous faisons feu sur les fédérés jusqu’à la dernière cartouche. Mais ces diables, pendant ce temps, ont essayé d’enfoncer la porte à coups de crosse. Elle n’est pas très-forte, la porte ; ils sont beaucoup plus nombreux que nous, ils vont entrer, ils entrent. Alors, que faisons-nous ?

— Nous nous plaçons au sommet de l’escalier, et si nous n’avons plus de cartouches, nous les recevons à la baïonnette.

— Ah ! vous croyez que nous faisons cela ?

— Il le faut bien.

— Eh bien ! moi, je croyais, continua-t-il un peu honteux, qu’on aurait pu, par la porte qui ouvre sur le passage…

— S’enfuir ?

— Oh ! non, se mettre en sûreté.

— Si nous en venons là, répondis-je, vous agirez à votre fantaisie. Mais laissez-moi vous dire que votre plan ne vaut rien ; le passage est occupé par une centaine des nôtres, et toutes les issues en sont fermées.

— Pas toutes.