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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/115

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LES OISEAUX BLEUS

afin que vous puissiez faire un choix digne de vous et de moi-même.

— Gardez-vous bien, mon père, de recevoir tant de princes à la cour ! Cela vous occasionnerait beaucoup de dépense, inutilement. Il y a longtemps que j’ai un ami par amour, et je n’aurai plus rien à désirer si vous me donnez pour mari le rossignol qui ramage tous les soirs dans le rosier grimpant de ma fenêtre.

Le roi, comme on pense, eut beaucoup de peine à garder le sérieux qui convient aux têtes couronnées. Sa fille voulait épouser un oiseau ! Il aurait un gendre emplumé ! Et c’était dans un arbre sans doute, ou dans une cage, que l’on ferait la noce ? Ces moqueries affligèrent cruellement la princesse, qui se retira le cœur gros ; et, le soir, accoudée à sa fenêtre, tandis que le rossignol préludait parmi l’épine en fleur :

— Ah ! bel oiseau que j’adore, dit-elle, il n’est plus temps de se réjouir, car mon père ne veut pas consentir à nos épousailles.

Le rossignol répondit :

— Ne vous mettez pas en peine, ma prin-