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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/157

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LES OISEAUX BLEUS

des savants hommes ; à seize ans, la princesse était encore si petite qu’il lui arriva un matin d’être prise tout entière dans un piège à rossignols qu’on avait mis dans le parc. Les courtisans, qui ont intérêt à tenir les souverains en joie parce que la bonne humeur, d’ordinaire, se montre généreuse, faisaient de leur mieux pour consoler le roi et la reine ; ils proclamaient que rien n’est plus ridicule qu’une grande taille, que les statures élevées ne sont, à bien considérer les choses, que des difformités ; pour ce qui était d’eux, ils auraient bien voulu n’avoir qu’un demi-pied de haut, — mais c’est aux races royales que la nature réserve de telles faveurs ! — et quand ils voyaient passer quelque énorme manant, ils se tordaient de rire en se prenant les côtes. Les dames d’honneur, — afin que la princesse parût moins petite à côté d’elles moins grandes — renoncèrent d’un commun accord à porter des talons hauts, qui étaient une mode de ce temps-là, et les chambellans prirent l’habitude de ne jamais s’approcher du trône qu’en marchant sur les genoux. Mais ces ingénieuses