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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/194

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LA BONNE RÉCOMPENSE

broderies et de dentelles d’or légères et lumineuses comme une nuée du matin ; et, pour ce qui était de la récompense à celui qui le rapporterait, le roi faisait savoir qu’il ne reculerait devant aucun sacrifice, qu’il s’engageait par un grand serment à ne rien refuser de ce qui lui serait demandé. Il est inutile de dire que cette proclamation mit en émoi tout le pays. Les gens qui avaient fait, très loin de la rivière, n’importe quelle trouvaille, sans dentelle ni broderie, ne laissèrent pas de rêver de beaux rêves ; et ceux qui n’avaient rien trouvé se mirent en devoir de chercher. Il y avait une grande foule, du matin au soir, sous les saules, le long de l’eau ; hommes, femmes, enfants, courbés vers les herbes, écartant les branches, haletaient d’espérance, s’imaginaient à chaque instant qu’ils allaient mettre la main sur leur fortune ; et, pendant toute une semaine, on apporta au palais mille vaines bagatelles, pièces de monnaie, bribes de rubans, gants déchirés, qui n’avaient aucun rapport avec la description faite par les courriers. Chaque fois qu’on lui présentait un