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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/195

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LES OISEAUX BLEUS

nouvel objet, la princesse détournait la tête, faisant signe que non, et se replongeait plus profondément dans ses mélancolies.

Or, il arriva une fois qu’un jeune pêcheur, fort bien fait de sa personne, et très agréable à voir malgré ses haillons de bure, entra dans la cour du palais, et dit, avec un air d’assurance, qu’il voulait parler au roi. La première pensée des hallebardiers qui étaient là fut de jeter ce misérable à la porte ; on ne s’entretient pas avec des personnes couronnées quand on n’a sur la tête qu’un méchant bonnet de laine rouge déteint sous la pluie et le vent. Mais dès que le pêcheur eut alarmé d’une voix haute qu’il avait dans une poche de sa veste de quoi ramener le sourire sur les lèvres de la princesse, les gardes prirent un air beaucoup moins rébarbatif, et le jeune homme fut introduit dans la salle du trône.

En le voyant, le roi haussa l’épaule.

— Évidemment, dit-il, celui-ci ne sera pas plus heureux que les autres ; ma fille, cette fois encore, n’aura point le contentement qu’elle espère.