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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/229

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LES OISEAUX BLEUS

Cela n’aurait pas fait le compte d’un très cruel enchanteur qui était animé, à l’égard des hommes et des femmes, des plus mauvais sentiments : la seule idée que l’on cesserait de souffrir et de pleurer sur la terre lui causait un tourment insupportable ; il se sentait donc plein de courroux contre ces excellentes fées, — ne sachant laquelle des trois il détestait davantage, — et il résolut de les mettre hors d’état de faire, selon leur coutume, le bonheur des malheureux. Rien ne lui était plus facile, à cause du grand pouvoir qu’il avait.

Il les fit comparaître devant lui, puis, fronçant le sourcil, leur annonça qu’elles seraient privées, pour beaucoup de siècles, de leur féerique puissance ; ajoutant qu’il ne tiendrait qu’à lui de les transformer en de vilaines bêtes malfaisantes ou en des objets sans pensée, tels que marbres, troncs d’arbres, ruisseaux des bois, mais qu’il daignait, par miséricorde, leur permettre de choisir les formes sous lesquelles elles passeraient leur temps de pénitence.

On ne saurait se faire une idée du chagrin