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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/230

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LES TROIS BONNES FÉES

qu’éprouvèrent les bonnes fées ! Ce n’était pas qu’elles fussent tristes outre mesure de perdre leurs gloires et leurs privilèges ; cela leur coûterait peu de renoncer aux danses dans la forêt de Brocéliande et aux fêtes dans les palais souterrains où s’allument des soleils de rubis ; ce qui les navrait, c’était que, déchues, elles ne pourraient plus secourir les misérables. « Quoi ! pensait Abonde, des hommes, des femmes mourront de froid et de faim dans les mansardes des faubourgs et je ne les consolerai plus ! » Myrtile se disait : « Que deviendront, dans leurs chaumières, les paysans, et les paysannes, quand les averses de grêle auront cassé les branches des pommiers fleuris ? Combien de petits enfants pleureront abandonnés dans les broussailles sans chemin, n’apercevant d’autre clarté pendant que le loup les guette, que la lampe allumée, au loin, par la femme de l’ogre ! » Et Caricine, toute sanglotante : « Que d’amoureux vont souffrir ! songeait-elle. Justement, j’étais informée qu’un pauvre petit chanteur des rues, sans maison ni famille, languit de tendresse pour la prin-