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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/231

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LES OISEAUX BLEUS

cesse de Trébizonde, Hélas ! Il ne l’épousera donc point ? » Et, toutes trois, les bonnes fées se désolèrent, longtemps, longtemps, comme souffrant toutes les douleurs dont elles ne feraient pas des joies, comme versant toutes les larmes qu’elles ne pourraient pas essuyer.

À vrai dire, elles avaient, dans leur désespoir, une petite consolation. Il leur était permis de désigner les apparences sous lesquelles elles vivraient parmi les humains ; leur bonté, grâce à un heureux choix, trouverait peut-être encore le moyen de s’exercer. Quoique réduites à l’impuissance des personnes mortelles ou des choses périssables, elles ne seraient pas tout à fait inutiles aux pauvres gens. Elles se mirent donc à réfléchir, se demandant ce qu’il valait mieux être pour ne pas cesser d’être secourable. Abonde, qui se rappelait les pauvretés des faubourgs, conçut d’abord le désir de se voir muée en une riche personne qui répand les aumônes sans compter ; puis songeant aux fourneaux qui s’éteignent, aux grabats sans couvertures, il ne lui aurait pas déplu de devenir une flamme