Aller au contenu

Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
LES OISEAUX BLEUS

les églantines blanches sont de petits flocons de neige.

Donc, ils s’en allaient sans savoir où, et c’est la meilleure façon de suivre son chemin. L’un se nommait Honorat, et l’autre Chrysor ; le plus jeune avait nom Aloys. Ils étaient beaux, tous trois, avec leurs cheveux en boucles, que débouclait le vent, avec la fraîche santé de leurs joues et de leurs bouches. Les voyant marcher sur la route ensoleillée, vous auriez eu peine à faire quelque différence entre eux ; pourtant Honorat avait l’air plus hautain, Chrysor l’air plus sournois, Aloys l’air plus timide. Ce qu’ils semblaient au dehors, ils l’étaient au dedans. Le corps n’est que la doublure de l’âme, mais les hommes ont la mauvaise habitude de porter à l’envers leur naturel habit. Honorat, dans ses chimères, ne pouvait s’empêcher de penser qu’il était le fils de quelque puissant roi ! Client affamé de l’auberge Hasard, mangeant les croûtes de pain que jette par la fenêtre la satiété des gens riches, buvant l’eau des sources dans le creux de sa main, dormant sous l’auvent des granges,