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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/250

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LES TROIS SEMEURS

n’importe, il se voyait enveloppé de somptuosités et de gloires ; ce qu’il rêvait, c’étaient des courtisans éblouissants de chamarrures, qui s’agenouillaient dans la salle du trône, entre des colonnades de jaspe ou de porphyre ; et, par une grande porte ouverte à deux battants, entraient des ambassadeurs accourus des contrées les plus lointaines, tandis que, derrière eux, des esclaves africains, vêtus de satin rouge, portaient des coffres où s’entassaient, merveilleuses et charmantes, pierreries, perles fines, étoffes de soie et de brocart, les humbles redevances de l’empereur de Trébizonde et du roi de Sirinagor ; ou bien il s’imaginait qu’il menait à la victoire d’innombrables armées, qu’il enfonçait, l’épée au soleil, les masses en déroute des troupes ennemies, et que ses peuples le portaient en triomphe sous des arcs décorés de bannières claquantes où battaient les ailes de la gloire ! Chrysor, lui, songeait des songes moins épiques. Des monnaies, beaucoup de monnaies, des monnaies toujours, d’argent et d’or, d’or surtout, et des diamants sans nombre dont un seul valait tous les tré-