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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/253

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LES OISEAUX BLEUS

donc assumerait la tâche d’écrire des contes de fées s’il n’avait le droit de transformer, au cours de ses récits, les plus hideuses personnes en jeunes dames éclatantes de beauté et de parure ? On sait bien que, dans nos histoires, plus l’on est repoussante, d’abord, plus on sera jolie, tout à l’heure. La séculaire sans-dents ne manqua point de se conformer à la poétique du bon Perrault et de madame d’Aulnoy. Quand les trois compagnons, — Honorat, Chrysor, Aloys — l’aperçurent au bord du fossé, elle s’était changée en la plus adorable fée que l’on puisse voir, et les volants de sa robe étaient si fleuris de fleurs de pierreries que les papillons voletaient à l’entour, croyant tous que le mois d’avril, dans ce maigre champ, s’était épanoui.

— Beaux enfants, arrêtez-vous, dit la fée. Je vous veux du bien parce que vous êtes jeunes, — ce qui est la plus charmante façon d’être bon, — et parce que vous prenez toujours garde, en marchant, de ne pas écraser les insectes qui traversent la venelle. Venez là, je vous le conseille, et faites vos semailles dans