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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/256

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LES TROIS SEMEURS

— Eh ! bien, demanda la fée, à quoi pensez-vous, Aloys ? Ne suivrez-vous pas l’exemple de vos compagnons ?

Il ne répondit point d’abord, ayant à peine pris garde à ce qui se passait, occupé d’un mariage de myrtils dans un volubilis.

— Eh ! dit-il enfin, je ne désire rien, sinon d’écouter les rossignols qui se plaignent, le soir, et les cigales qui crient dans le chaud midi. Tout ce que je pourrais faire, ce serait de chanter vers le sillon l’épithalame que j’ai fait hier pour l’hymen de deux fauvettes.

— Chante-le ! répliqua la fée ; cette semaille en vaut bien une autre.

Comme il commençait la seconde strophe, une belle jeune femme à demi nue — si belle qu’aucun rêve d’amour ne l’eût souhaitée plus parfaite, — sortit de la terre entr’ouverte, et mettant ses deux bras, lianes pour l’enlacement et lys pour la blancheur, au cou de l’enfant ravi : « Oh ! comme tu chantes bien ! je t’aime ! » lui dit-elle.

C’est ainsi que la bonne fée vint en aide aux trois enfants vagabonds qui suivaient,