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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/255

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LES OISEAUX BLEUS

mères ambitieuses : les palais de porphyre et de jaspe où resplendissent les chamarrures des courtisans, et les ambassades entrant par la royale porte, et les nègres chargés de tributs, et les armées et les triomphes ! Il n’eut pas le loisir d’achever. Des cavaliers au galop se ruèrent dans la plaine, nombreux, cuirassés d’or, empanachés d’ailes d’aigles, et proclamant qu’ils cherchaient, pour le conduire dans son royaume, le fils du roi défunt. Dès qu’ils eurent aperçu Honorat : « C’est lui ! » s’écrièrent-ils, et, pleins de joie, ils emportèrent leur maître vers les belles demeures de marbre et les batailles et les trophées !

Ayant vu cela, Chrysor ne se fit point prier pour semer dans le sol ses désirs de richesse, son amour des vives monnaies sonnantes et des précieuses pierreries. Il avait à peine prononcé quelques mots que le creux se remplit d’or, d’argent, de diamants et de perles. Ivre de joie, il se jeta dessus, les empoigna, s’en remplit les poches, la bouche aussi, et s’enfuit, plus riche que les plus riches, cherchant quelque cachette sûre où enfouir ses trésors.