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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/265

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LES OISEAUX BLEUS

aussi qu’afin de punir ce vilain homme, une volonté inconnue empêchait le feu de prendre. Quoi qu’il en soit, le bûcheron passait de fort tristes journées et de plus tristes nuits, près de sa huche vide, devant son foyer noir ; le voyant grelottant et maigre, vous n’auriez pas manqué de le plaindre, si vous aviez ignoré combien il avait mérité sa misère par ses crimes.

Cependant quelqu’un eut pitié de lui. Ce fut une méchante fée, appelée Mélandrine. Comme elle se plaisait à voir le mal, il était naturel qu’elle aimât ceux qui le faisaient.

Une nuit donc, qu’il se désolait de plus belle, claquant des dents, l’onglée aux doigts, et qu’il eût vendu son âme, — qui, à vrai dire, ne valait pas grand-chose ; — pour une flambée de sarment, Mélandrine se fit voir à lui, sortant de dessous terre ; elle n’était point belle et blonde avec des guirlandes de fleurs dans les cheveux, elle ne portait pas une robe de brocart, resplendissante de pierreries ; mais laide, chauve, bossue aussi, haillonneuse comme une pauvresse, vous l’auriez prise pour une