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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/266

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LA BELLE AU CŒUR DE NEIGE

vieille mendiante des chemins ; car étant méchante, on ne peut pas paraître jolie, même quand on est fée.

— Ne te désespère pas, pauvre homme, dit-elle ; je veux te venir en aide. Suis-moi.

Un peu étonné de cette apparition, il marcha derrière Mélandrine jusqu’à une clairière où l’on voyait des amas de neige.

— Maintenant, allume du feu, reprit-elle.

— Eh ! madame, la neige ne brûle pas !

— C’est en quoi tu te trompes. Tiens, prends cette baguette en bois de cornouiller, que j’apportai pour toi ; il te suffira d’en toucher l’un de ces grands tas blancs, pour avoir le plus beau feu que l’on vît jamais.

Il fit comme elle avait dit. Jugez de son étonnement ! À peine la branche s’en était-elle approchée, que la neige se mit à flamber, comme si elle eût été, non de la neige, mais de l’ouate ; toute la clairière fut illuminée de flammes.

À partir de ce moment, le bûcheron, tout en continuant d’avoir faim, ne connut plus du moins la souffrance d’avoir froid ; dès qu’il