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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/355

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LES OISEAUX BLEUS

le lit fatal ? Oh ! non, elle savait bien qu’elle avait commis une faute irréparable ; mais elle voulait revoir, pèlerine repentante, le lieu où avait souffert celui qui s’exposa pour elle. La chaumière n’était plus que décombres dans la plaine en jachère. En s’informant chez les voisins qui se gardèrent bien de la reconnaître, Martine apprit que les habitants de la demeure aujourd’hui ruinée avaient quitté le pays, autrefois, après la mort d’une fille chérie ; et l’on ne savait pas quel chemin ils avaient suivi. Quant à l’enfant, elle était enterrée dans le petit cimetière, au flanc de la colline. Ainsi, c’était certain, le céleste remplaçant était mort à l’heure où elle aurait dû mourir elle-même, et on l’eût ensevelie si on ne l’avait pas enseveli. Du moins elle irait prier sur la tombe de l’ange. Elle entra dans le cimetière, s’agenouilla devant une croix basse où on lisait le nom de Martine parmi les hautes herbes fleuries. Comme son cœur se déchirait ! Comme elle se jugeait coupable ! Avec quels sanglots elle implorait la divine clémence ! Mais une voix lui dit, une voix si douce que,