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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/356

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MARTINE ET SON ANGE

malgré sa douleur, elle en eut l’ouïe enchantée :

— Ne vous désolez pas, Martine ; les choses n’ont pas aussi mal tourné que vous pouvez le croire.

En même temps, elle voyait, derrière la croix, se lever une forme blanche, un peu vague, avec des ailes.


La voix reprit :


— Je suis votre ange gardien, et tout est bien puisque vous voilà. Hâtez-vous de vous coucher sous cette pierre, et j’emporterai votre âme au paradis, afin de l’y épouser.

— Hélas ! mon bon ange, combien vous avez dû souffrir, par ma faute, en mourant, et combien vous avez dû vous ennuyer, seul si longtemps, dans cette tombe !

— Bon ! dit-il, je m’étais bien douté que vous ne reviendriez pas de sitôt, et j’avais pris mes précautions en conséquence. Une vaine forme abusa vos parents, sous le drap, sur l’oreiller ; je vous ai suivie à travers les branches ; et, pendant le temps où j’aurais dû