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Page:Mendès - Les Oiseaux bleus, 1888.djvu/369

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LES OISEAUX BLEUS

— Comme il vous plaira ! c’est marché conclu. »

La jeune fille avait à peine achevé qu’Oriane, pas plus grosse qu’une perle presque invisible, était déjà nichée dans le joli nid rose. Ah ! comme elle s’y trouvait bien ! Comme elle y serait bien, toujours ! Maintenant, elle ne regrettait plus que les hommes eussent saccagé la forêt de Broceliande, et tout de suite, — car elle était trop contente pour négliger de tenir sa parole, — elle fit venir du pays lointain le jeune homme plus beau que le jour. Il parut dans la chambre, couronné de boucles d’or, et s’agenouilla devant sa bien-aimée, ayant dans le cœur d’infinis trésors de tendresse. Mais, à ce moment, survint un fort laid personnage, vieillissant, l’œil chassieux, la lèvre fanée ; il portait, dans un coffret ouvert, tout un million de pierreries. La jeune fille courut à lui, l’embrassa, et le baisa sur la bouche d’un si passionné baiser que la pauvre petite Oriane mourut étouffée dans la fossette du sourire.