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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/118

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AMA

puis puis qu’elles aiment les lettres et les arts, il nous faut un mot doué de l’inflexion féminine pour rendre cette nouvelle idée, et le mot est Amatrice. « À Paris, dit J. J. Rousseau (Émile, p. 123), le riche sait tout ; il n’y a d’ignorant que le pauvre. Cette capitale est pleine d’Amateurs, et sur-tout d’Amatrices qui font leurs ouvrages, comme M. Guillaume fesait ses couleurs. » Ce mot, comme on voit, est tombé de la plume de J. J. ; Linguet l’a employé et défendu. Tous les écrivains dont le style a de l’abandon, dont la verve est féconde en pensées fortes et précises, ont souvent besoin de mots nouveaux qui les peignent.

Amatrice vient du latin amatrix, et de l’italien Amatrice.

Les analogues d’Amatrice sont sans nombre ; directeur, directrice ; consolateur, consolatrice ; curateur, curatrice ; et par conséquent, amateur, Amatrice. Ce mot, au moment du besoin, se présente de si bonne grace qu’il est impossible de l’écarter.

L’oreille enfin doit approuver dans Amatrice, la désinence qu’elle approuve dans directrice, actrice, tutrice, etc. Ce n’est pas un son nouveau pour elle, c’est même un son qui lui plaît particulièrement ; car ayant à choisir entre chanteuse et cantatrice, elle préférera toujours cantatrice dans le style noble, c’est-à-dire, dans le style où elle aime le plus à exercer son empire.