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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/54

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féroces qui se replient sur eux-mêmes pour s’élancer avec plus de force ; les autres, sous celle d’un arc d’où la flèche part avec d’autant plus de rapidité, qu’on s’est plus efforcé de le tendre. Le mécanisme de notre diction aurait-il jamais inspiré l’idée de ces comparaisons ? Nous rapprochons les mots, nous les enchaînons les uns aux autres, mais nous ne les groupons jamais ; nous ne les construisons pas, nous les accumulons ; nous ne saurions les disposer de manière à se prêter mutuellement de la force et de l’appui ; les mouvemens circulaires et les mouvemens obliques nous sont également défendus, nous ne pouvons parcourir que la ligne droite ; enfin nous n’avons que le choix des mots ; du reste leur place est presque toujours invariablement fixée. Ou nos grammairiens n’ont pas assez senti les avantages de l’inversion, ou ils ont craint de les exposer. C’est l’inversion qui conduisit les anciens à varier presqu’à l’infini les formes de leur langage, à les distinguer les unes des autres, et à les adapter convenablement aux différens genres, oratoire, historique, épistolaire, etc. À ce moyen s’en joignait un autre non moins riche et non moins puissant. Les élémens