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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/76

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ne sont qu’accidentelles et passagères, qu’il n’y a qu’une réalité, la pensée, qu’elle est indépendante de tout ce qui l’environne, et qu’elle se suffit à elle-même par sa propre émanation.

Ces observations ne sont point étrangères à la littérature. Comme je veux lui restituer son empire, je veux que tout soit de son ressort, que rien n’échappe à son pinceau. Mallebranche est plus propre à former un poète que tout autre écrivain, et j’adopterais ses écrits comme la première poétique du style indépendant. Plaisans métaphysiciens, que ceux qui ne nous entretiennent que de la matière !

Vous tous qui m’écoutez, qui me lisez, vous êtes tous auteurs, métaphysiciens, qui plus est, puisque vous pensez, puisque vous parlez ; faites votre langue, faites votre style, créez et prononcez, prononcez et créez. Si vous êtes émus, nous vous entendrons et nous vous écouterons ; si vous êtes pleins de vos idées, mais sans calcul intéressé, vous serez éloquens. Presque toutes les sciences humaines ont été jusqu’ici un double amas d’extravagances et d’erreurs. Élevez-vous au-dessus de tout ce qu’on vous a dit ; regardez