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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/77

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en vous-mêmes, et ces prétendus beaux génies deviendront bien petits. Je crois voir des impotens qui regardent avec admiration une troupe de danseurs. Levez-vous ! vous danserez comme eux.

L’exercice de la pensée appartient, également à tous ; et puisque le génie transcendant, véritablement lumineux, n’est pas dans les livres, il est dans les hommes. Méprisez les livres[1], et cherchez les hommes.

  1. Nous avons beaucoup de livres, et le livre nous manque ; le livre que je conçois, et qui pourrait nous tenir lieu de tous les autres ; il séparerait ce qui est de ce qui n’est pas ; il serait écrit en langue vulgaire ; chaque phrase dirait oui ou non : point d’équivoque, point d’écart dans la pensée ; tout serait soumis au sentiment intime de l’homme. La vertu se rapporte à la vérité ; elle rentre en quelque sorte en elle-même, lorsqu’elle l’obtient ; c’est qu’elle n’en est que l’ardent amour. Celui qui nie la perfectibilité de l’homme, aime le mensonge. Riches par le sentiment, pauvres par la pensée, si nous savons développer en nous l’amour de la vérité, nous aurons la science, et les fantômes cesseront de nous obséder. Le mot probabilité n’entrerait point dans le livre dont je parle ; il y aurait certitude complète pour entraîner l’assentiment de l’esprit ; et la certitude serait fixée par ces deux mots : La chose est, ou n’est pas ; vel ou non.