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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/87

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incessamment la préférence sur la peinture et la sculpture ; ainsi, que l’on n’attende pas de moi l’aveu tardif que l’on me suppose, que ces derniers arts puissent jamais rivaliser avec la poésie. Non, je n’ai plus besoin de les voir, ces héros armés de la lance ou décochant le trait de l’arc qui siffle ; Ossian fait entendre le son du javelot sur le bouclier qui le repousse. Éloignez-vous, statuaires, vos figures sont immobiles, et je veux des images mobiles. Qu’est ce que ces guerriers dont les bras sont toujours levés, et dont les glaives ne descendent jamais ? Qui les a pétrifiés ? le peintre. Qui les remettra en mouvement ? le poète.

Tant que l’art d’écrire ne sera pas réputé le premier de tous, je combattrai les autres arts imitatifs qui ne lui rendront pas cet hommage. Il en sera de même de cette géométrie transcendante, qui, superbe et aveugle, marchant dans les abymes, sans véritable base et sans véritable fin, ne prouve rien, et se trouve sans cesse en opposition avec les lois physiques. Un ouvrage que je conseille à un homme sensé, et qui immortaliserait un auteur, serait celui qui rétablirait un art totalement perdu, l’art de ne voir