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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/112

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jeunes gens qui, dans l’âge des passions & de la confiance, ouvrent une ame plus docile aux insinuations artificieuses. Ils savent qu’il faut que l’œil soit d’abord frappé des couleurs de l’opulence, & ils ne négligent pas ces dehors qui peuvent en imposer.

Attentifs à saisir l’esprit des différens états, ils caressent indifféremment leurs préjugés ; ils n’ont pas d’amour-propre ; on les voit changer de langage selon les hommes à qui ils s’adressent. Jamais contrarians, toujours souples, patiens, flatteurs, leur langue est dorée, comme dit le peuple ; & le peuple souvent saura mieux les reconnoître que la bonne compagnie.

Leur unique but est de s’approprier l’argent ; ils reconnoissent du premier coup-d’œil celui qui le possede. Ils ont toujours quelque projet, quelqu’entreprise qui doit rendre la mise au centuple. Éloquens sur ce chapitre, ils parlent de votre fortune comme d’une chose assurée, & la leur n’est jamais incertaine.