Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 92 )

On les entend prononcer à propos le nom des hommes en place. Ils sont instruits des anecdotes qui peuvent piquer la curiosité. Ils ne sont ni médisans ni calomniateurs ; ils ont une plaisanterie qui n’a rien d’amer, parce qu’il entre dans leur systême de joindre l’artifice des manieres à l’artifice de l’esprit, & qu’ils n’en veulent à la réputation de personne, mais à la bourse des gens faciles.

L’un se mêle avec des joueurs, amorce l’un d’entr’eux par des pertes volontaires, & après l’avoir alléché, le ruine par des fraudes hardies & méditées.

L’autre loue un bel hôtel, de beaux carrosses, descend chez les marchands, paie d’abord sans difficulté, puis suppose des commissions pour les pays étrangers. Bonne pratique. On lui offre toutes sortes de marchandises ; il en use. Il vend le tout secrétement. On apporte les mémoires ; cherchez, il n’y a plus personne.

Celui-là dit jouir d’un grand crédit, montre des lettres réelles ou supposées, promet