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CHAPITRE XXXIII.

Porteurs de sel.


Quand je vois les hanouards ou porteurs de sel, je me rappelle qu’ils avoient le privilege de porter sur leurs épaules les corps des rois jusqu’à la prochaine croix de S. Denis, parce qu’à eux appartenoit l’art de les couper par pieces, de les faire bouillir dans de l’eau, & de les saler ensuite ; ce qui remplaçoit d’une maniere très-grossiere l’art d’embaumer, qui étoit perdu, & qu’on n’a retrouvé depuis que d’une maniere fort imparfaite.

On a salé ainsi & Philippe le long & Philippe de Valois, qui les premiers mirent un impôt sur une marchandise de premiere nécessité, dont le commerce avant eux étoit permis à tout le monde. La nature nous donnoit cette denrée ; les rois nous l’ont vendue. Le minot de sel coûte à Paris 60 liv. 7 sols.