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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/122

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tirent leur subsistance des papillottes & des bichonnages.

Nos valets-de-chambre-perruquiers, le peigne & le rasoir en poche pour tout bien, ont inondé l’Europe ; ils pullulent en Russie & dans toute l’Allemagne. Cette horde de barbiers à la main leste, race menteuse, intrigante, effrontée, vicieuse, Provençaux & Gascons pour la plupart, a porté chez l’étranger une corruption qui lui a fait plus de tort que le fer des soldats.

Nos danseurs, nos filles d’opéra, nos cuisiniers ont bientôt marché sur leurs traces & n’ont pas manqué d’asservir à nos modes & à nos usages les nations voisines. Voilà les conquérans qui ont fait prévaloir le nom françois dans toutes les contrées, & qui ont été les vengeurs de nos revers politiques. Nos voisins pourroient donc faire un traité sur la pernicieuse introduction des friseurs parmi eux, & sur l’avantage qui auroit résulté d’une proscription prompte & raisonnée.