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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/139

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occasionnée par la foule des voitures qui obstruerent la rue, unique passage ouvert à l’affluence prodigieuse du peuple qui se portoit en foule à la triste illumination des boulevards. J’ai manqué d’y perdre la vie. Douze à quinze cents personnes ont péri, ou le même jour, ou des suites de cette presse effroyable. J’ai été renversé trois fois sur le pavé à différentes époques, & sur le point d’être roué tout vif. J’ai donc un peu le droit d’accuser le luxe barbare des voitures.

Il n’a reçu aucun frein, malgré les réclamations journalieres. Les roues menaçantes qui portent orgueilleusement le riche, n’en volent pas moins rapidement sur un pavé teint du sang des malheureuses victimes qui expirent dans d’effroyables tortures, en attendant la réforme qui n’arrivera pas, parce que tous ceux qui participent à l’administration roulent carrosse, & dédaignent conséquemment les plaintes de l’infanterie.

Le défaut de trottoirs rend presque toutes les rues périlleuses : quand un homme qui a