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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/155

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nue libre que depuis le nouvel édit : auparavant elle ne l’étoit pas. Qui l’eût cru ?

Il n’y a pas de loi, sans doute, qui pût condamner les hommes & même les criminels à descendre journellement dans l’intérieur des fosses, à y respirer un air impur, à livrer tous leurs sens aux vapeurs fétides & empoisonnées qui les minent, les rongent, les dessechent, & qui donnent à leur visage la pâleur livide & anticipée des tombeaux. Eh bien, ce que la tyrannie & la contrainte n’auroient pu faire exécuter, un peu d’argent le fait sans violence ni contrainte.

Mais la police a jeté un regard de juste compassion sur ces malheureux qui sont forcés de combattre le poison qui les tue par l’habitude, & même l’abus des liqueurs spiritueuses. Il faut qu’ils s’étourdissent pour braver audacieusement ces miasmes pestilentiels, & la dépense nécessaire d’eau-de-vie les met hors d’état de sortir de l’indigence à la suite de ces travaux que rien assurément ne sauroit payer.