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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/160

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vapeurs mal-faisantes & la boue infecte.

Ensuite l’opéra, la comédie, les bals, les catins & les spectacles les consolent de la perte de la santé. Qu’importe que les liqueurs qui circulent dans nos veines, s’épaississent, se coagulent, forment des engorgemens, pourvu que l’on voie danser Vestr-Allard ? On n’a plus besoin de force ni de courage, quand on ne parcourt plus d’autre espace que celui qui sépare les trois spectacles.

Les Parisiens ne sont pas trop jaloux de communiquer avec le firmament & ses beautés. C’est aux paysans à qui il appartient de contempler le ciel : pour eux, ils regardent le soleil sans admiration, sans reconnoissance, & à peu près comme le laquais qui les éclaire.

Vivre aux bougies est même une distinction de l’opulence : on ne jouit qu’aux bougies ; on ne se rassemble qu’aux bougies ; tous les gens riches sont brouillés avec le soleil. Le jour n’est pas fait pour éclairer leurs plaisirs ; sa clarté est ignoble. C’est un peuple de morts, qui n’existe que dans des sallons her-