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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/159

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tieres, les hôpitaux, les égouts, les ruisseaux d’urine, les monceaux d’excrémens, les boutiques de teinturiers, de tanneurs, de corroyeurs ; au milieu de la fumée continuelle de cette quantité incroyable de bois, & de la vapeur de tout ce charbon ; au milieu des parties arsénicales, sulfureuses, bitumineuses, qui s’exhalent sans cesse des atteliers où l’on tourmente le cuivre & les métaux : si l’on me demande comment on vit dans ce gouffre, dont l’air lourd & fétide est si épais qu’on en apperçoit & qu’on en sent l’athmosphere à plus de trois lieues à la ronde ; air qui ne peut pas circuler, & qui ne fait que tournoyer dans ce dédale de maisons : comment enfin l’homme croupit volontairement dans ces prisons, tandis que s’il lâchoit les animaux qu’il a façonnés à son joug, il les versoir, guidés par le seul instinct, fuir avec précipitation & chercher dans les champs l’air, la verdure, un sol libre, embaumé par le parfum des fleurs : je répondrai que l’habitude familiarise les Parisiens avec les brouillards humides, les