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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/164

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tribué à rappeller à la vie les noyés. Je le répete, oh ! que de tems il faut pour conduire un peuple aux notions les plus simples de la raison & de l’humanité !

La vapeur du charbon produit encore, surtout dans les fauxbourgs, des désastres plus fréquens. Outre les chagrins amers & renaissans attachés à l’extrême indigence, il est un accident familier aux malheureux qui ne sont pas assez riches pour acheter du bois. Il faut savoir qu’il y a une nombreuse portion de citoyens qui n’habitent que des cabinets ou des recoins obscurs, où il n’y a point de cheminées ; & c’est ce qui m’a fait dire dans le premier chapitre intitulé Coup-d’œil général, qu’on trouvoit à Paris des Lapons vegetans dans des cases étroites. Ces infortunés sont obligés, dans les rigueurs de l’hiver, de faire du feu au milieu de leurs chambres ; & le toit n’est pas percé, comme chez les sauvages. Il arrive souvent qu’ils sont surpris, eux & leurs enfans, & suffoqués par la vapeur du charbon. Personne n’est à l’abri de ces acci-