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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/172

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impatiens du frein, traînant l’équipage superbe comme un fardeau léger ; maintenant malheureux animaux, tirant le nerf, humides de pluie, dégouttans d’une sueur sale, fatigués, tourmentés pendant dix-huit heures par jour, sous le poids des courses que le public leur impose.

Ces voitures hideuses, dont la marche obscure est si traînante, servent quelquefois d’asyle à la jeune fille échappée un instant à la vigilance de ses argus, & qui montant d’un pied agile & non apperçu, veut converser avec son amant sans être vue ni remarquée.

Rien ne révolte l’étranger qui a vu les carrosses de Londres, d’Amsterdam, de Bruxelles, comme ces fiacres & leurs chevaux agonisans.

Quand les fiacres sont à jeûn, ils sont assez dociles ; vers le midi ils sont plus difficiles ; le soir ils sont intraitables ; les rixes fréquentes qui s’élèvent sont jugées chez les commissaires ; ils inclinent toujours en faveur du cocher. Plus les cochers sont ivres, plus ils