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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/182

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« Il étoit reconnoissable de loin par sa taille gigantesque & l’ampleur de ses habits ; monté sur un char d’acier, sa tête élevée & coëffée d’un panache éclatant, figuroit avec la tête royale d’Henri IV ; sa voix mâle se faisoit entendre aux deux extrêmités du pont, aux deux bords de la Seine. La confiance publique l’environnoit, & la rage de dents sembloit venir expirer à ses pieds. La foule empressée de ses admirateurs, comme un torrent qui toujours s’écoule & reste toujours égal, ne pouvoit se lasser de le contempler ; des mains sans cesse élevées imploroient ses remedes, & l’on voyoit fuir le long des trottoirs, les médecins consternés & jaloux de ses succès. Enfin, pour achever le dernier trait de l’éloge de ce grand homme, il est mort sans avoir reconnu la faculté. »

Un Anglois, dit-on, fit la gageure, il y a cinq ans, qu’il se promeneroit le long du Pont-Neuf pendant deux heures, offrant au