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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/200

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récolte universelle, & qui ne paroissent pas la diminuer. Selon moi, rien de si honorable pour les riches que de donner à manger à ceux qui se présentent à leur table ; & de toutes les manieres de faire usage de ses richesses, c’est sans contredit la plus agréable pour le grand nombre. Chacun en profite également ; & puisque les riches aiment l’ostentation, ils se satisfont en satisfaisant les autres.

S’ils établissoient une table économique & sans apprêt, où il n’y eût ni luxe, ni orgueil, ayant l’honnête nécessaire, & rien au-dessus ; cela vaudroit mieux encore, & ils feroient dans le cas de renouveller plus souvent leur complaisance, ou de multiplier les couverts.

Si j’étois opulent, je mettrois ma volupté à donner ainsi à dîner ; mais ma table seroit frugale, composée de mets simples, & je me réjouirois fort de voir autour de moi grand nombre de personnes causer & manger.

On appelloit autrefois ces hommes-là des