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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/219

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la capitale. L’âge mûr n’a rien à craindre de l’âge bouillant. Un magistrat a dit, qu’il vouloit que le pavé de Paris fût respecté comme le sanctuaire & le tabernacle. Il a raison, & il a bien dit.

La civilisation est presque perfectionnée de ce côté-là ; on n’a rien à craindre de l’insolence & de l’ivresse, parce que la main-forte n’est pas éloignée. On l’appelle à son secours, & on obtient ordinairement prompte justice.

Pierre le Cruel, qui passe pour avoir aimé la justice, en a donné une bonne preuve, à ce qu’a dit un historien Espagnol. Il se plaisoit à courir les rues la nuit. Une fois qu’il faisoit tapage, un garde de nuit croyant rencontrer un particulier, le battit vigoureusement ; le roi le tua. La justice le lendemain fit des perquisitions contre l’auteur du meurtre. Une bonne femme qui avoit reconnu le roi, l’accusa. Les magistrats en corps allèrent lui porter des plaintes : le roi, pour satisfaire la justice, fit couper la tête à son effigie. On voit encore