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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/228

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lui dit un mot à l’oreille ; il répond par une phrase bannale ; il prend des placets dans trois anti-chambres ; les mains du secretaire ou du commis peuvent à peine les contenir. La populace occupe la derniere salle, & l’appelle en tremblant, monseigneur. Ce dernier rang est promptement expédié.

Si ce magistrat vouloit communiquer au philosophe tout ce qu’il sait, tout ce qu’il apprend, tout ce qu’il voit, & lui faire part de certaines choses secretes, dont lui seul est à peu près bien instruit, il n’y auroit rien de si curieux & de si instructif sous la plume du philosophe : le philosophe étonneroit tous ses confreres. Mais ce magistrat est comme le grand pénitencier ; il entend tout, ne rapporte rien, & n’est pas étonné de certains délits au même degré que le seroit un autre homme. À force de voir les ruses de la friponnerie, les crimes du vice, les trahisons secretes, & toute la fange impure des actions humaines, ce magistrat a nécessairement un peu de peine à croire à la probité & à la vertu