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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/227

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particulieres, l’épouvante feroit regarder avec horreur cette ville superbe. C’est à l’Hôtel-Dieu, c’est à la Morne, que l’on apperçoit les nombreuses & déplorables victimes des travaux publics, & d’une trop nombreuse population.

Au reste, c’est un terrible & difficile emploi, que de contenir tant d’hommes livrés à la disette, tandis qu’ils voient les autres nager dans l’abondance ; de contraindre, dis-je, autour de nos palais, de nos demeures brillantes, tant de malheureux, pâles & défaits, qui ressemblent à des spectres ; tandis que l’or, l’argent, les diamans remplissent l’intérieur de ces mêmes demeures, & qu’ils sont violemment tentés d’y porter la main, pour appaiser le besoin qui les tue.

L’extravagance & la dissipation du luxe diminuent peut-être à leurs yeux la honte & l’injustice du vol.

Une audience du lieutenant de police est fort divertissante : on lui fait toutes sortes de plaintes & de demandes ; on l’approche, on