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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/24

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effet, ont rarement excellé dans leur art. L’air de Paris, si je ne me trompe, doit être un air particulier. Que de substances se fondent dans un si petit espace ! Paris peut être considéré comme un large creuset, où les viandes, les fruits, les huiles, les vins, le poivre, la cannelle, le sucre, le café, les productions les plus lointaines viennent se mélanger ; & les estomacs sont les fourneaux qui décomposent ces ingrédiens. La partie la plus subtile doit s’exhaler & s’incorporer à l’air qu’on respire : que de fumée ! que de flammes ! quel torrent de vapeurs & d’exhalaisons ! comme le sol doit être profondément imbibé de tous les sels que la nature avait distribués dans les quatre parties du monde ! Et comment de tous ces sucs rassemblés & concentrés dans les liqueurs qui coulent à grands flots dans toutes les maisons, qui remplissent des rues entieres (comme la rue des Lombards), ne résulterait-il pas dans l’athmosphere des parties atténuées qui pinceroient la fibre là plutôt qu’ailleurs ? Et de là naissent peut-être ce sentiment