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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/25

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vif & léger qui distingue le Parisien, cette étourderie, cette fleur d’esprit qui lui est particuliere. Ou si ce ne sont pas ces particules animées qui donnent à son cerveau ces vibrations qui enfantent la pensée, les yeux, perpétuellement frappés de ce nombre infini d’arts, de métiers, de travaux, d’occupations diverses, peuvent-ils s’empêcher de s’ouvrir de bonne heure, & de contempler dans un âge où ailleurs on ne contemple rien ? Tous les sens sont interrogés à chaque instant ; on brise, on lime, on polit, on façonne ; les métaux sont tourmentés & prennent toutes sortes de formes. Le marteau infatigable, le creuset toujours embrasé, la lime mordante toujours en action, applatissent, fondent, déchirent les matieres, les combinent, les mêlent. L’esprit peut-il demeurer immobile & froid, tandis que, passant devant chaque boutique, il est stimulé, éveillé de sa léthargie par le cri de l’art qui modifiera nature ? Partout la science vous appelle & vous dit, voyez. Le feu, l’eau, l’air travaillent dans les atteliers