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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/245

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ché au-dessous du ventre, la plume sous la perruque, ils couchent par écrit la moindre mauviette ; un lapereau a son extrait mortuaire en bonne forme avec la date du jour. C’est une merveilleuse chose, que la création de ces offices ; tout cela est d’institution royale. On ne mange un lievre que d’après l’exercice solemnel de la charge de l’officier en titre.

Il faut voir, la veille de la S. Martin, des Rois & du Mardi-gras, toutes les demi-bourgeoises venir en personne marchander, acheter une oie, un dindon, une vieille poule qu’on appelle poularde ; on rentre au logis la tête haute & la provision à la main ; on plume la bête devant sa porte, afin d’annoncer à tout le voisinage que le lendemain on ne mangera ni du bœuf à la mode, ni une éclanche ; & l’orgueil est satisfait plus encore que l’appétit.

On ne mange la volaille à bon marché que quand le roi est à Fontainebleau. Les pourvoyeurs ne tirent plus de Paris ; les grands consommateurs sont à la cour, & le peuple alors a plus de facilité pour atteindre au prix d’un poulet.