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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/256

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cabinet, méditant, rêvant, calculant ; j’ai imaginé un projet admirable, pour payer toutes les dettes de l’état ; ensuite un autre pour enrichir le roi, & lui assurer un revenu de quatre cents millions ; ensuite un autre pour abattre à jamais l’Angleterre, dont le nom seul m’indigne, & pour rendre notre commerce le premier de l’univers, ainsi qu’il appartient à la premiere nation de l’Europe ; ensuite un autre pour nous rendre maîtres des Indes orientales ; ensuite un autre pour tenir en échec cet empereur, qui tôt ou tard nous jouera quelque mauvais tour ; car j’ai deviné son ardente ambition, & sa secrete haine contre nous. L’évidence de ces utiles projets a frappé tous les ministres, car aucun d’eux n’a pu me faire la moindre objection ; & qui ne dit mot, approuve. Mais voyez leur peu de reconnoissance, leur ingratitude affreuse ; tandis que tout entier à ces opérations vastes, & qui demandent toute l’application du génie, j’étois distrait