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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/257

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sur des miseres domestiques : quelques créanciers vigilans m’ont tenu en prison pendant trois années ; & celui qui devoit relever la gloire du nom François, n’a pu rien obtenir des ministres qu’un misérable sauf-conduit. Ils attendent ma mort pour s’emparer de toutes mes idées ; mais je proteste d’avance contre ce vol inique ; tout le bien qui se fera d’ici à cent ans sera mon ouvrage, soyez-en bien sûr. Mais, monsieur, vous voyez à quoi sert le patriotisme, à mourir inconnu, & le martyr de la patrie. »

Ainsi il y a dans Paris de fort honnêtes gens, économistes & anti-économistes, qui ont le cœur chaud, ardent pour le bien public ; mais qui malheureusement ont la tête fêlée, c’est-à-dire, des vues courtes, qui ne connoissent ni le siecle où ils sont, ni les hommes auxquels ils ont affaire ; plus insupportables que les sots, parce qu’avec des demies & fausses lumieres, ils partent d’un principe impossible, & déraisonnent ensuite con-