Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 259 )

plie le cadavre en deux, on le porte dans une hotte chez l’anatomiste ; ensuite, quand le corps a été haché, disloqué, l’anatomiste ne sait plus comment le replacer au lieu ou il l’a pris : il en jette & en disperse les morceaux où il peut, soit dans la riviere, soit dans les égouts, soit dans les latrines ; des os humains se trouvent mêlés avec les os des animaux qu’on a dévorés, & il n’est pas rare de trouver dans des tas de fumier, des débris de l’espece humaine.

Tous ceux qui manient le scalpel, aiment donc de préférence la capitale, à cause de l’extrême facilité qu’ils ont pour y suivre les études anatomiques. Les cadavres y abondent & sont à bon marché ; en hiver on ne les paie qu’au rabais ; l’anatomiste en chef achete ces corps dix à douze francs, & les revend à ses éleves un louis ou dix écus. Il y a un commerce suivi entre les corbeaux des cimetieres & les disciples des maîtres en chirurgie. En allant prendre une leçon gratuite d’anatomie, on pourroit (ce qui est horrible à