Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 260 )

penser) rencontrer sur le marbre noir son pere, son frere, son ami, qu’on auroit enterré & pleuré la veille.

Puisque la perfection de la médecine & de la chirurgie dépend de l’anatomie, le gouvernement n’auroit-il pas dû épargner aux gens de l’art ce trafic clandestin & honteux, & prévenir les scenes scandaleuses & dégoûtantes qui en résultent ?

Qui croiroit que les Winslow & les Ferreins sont, au terme de la loi, des profanateurs sacrileges, des violateurs des tombeaux, & qu’ils ont encouru les peines les plus graves ? Tout sera donc éternellement en contradiction, nos loix, nos mœurs & nos usages !

Si un ancien revenoit au monde, de quel étonnement ne seroit-il pas frappé dans l’amphithéatre de l’académie royale, qu’aucune loi n’autorise à avoir des cadavres ! Un mort étoit pour les anciens un objet sacré, qu’on déposoit avec respect sur un bûcher ; & celui-là étoit déclaré impur, qui osoit y porter la main. Que diroit-il, en voyant ce corps horrible-