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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/291

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recalés de trois siecles par rapport aux arts & aux mœurs régnantes. Tous les débats particuliers y deviennent publics ; & une femme mécontente de son mari, plaide sa cause dans la rue, le cite au tribunal de la populace, attroupe tous les voisins, & récite la confession scandaleuse de son homme. Les discussions de toute nature finissent par de grands coups de poings ; & le soir on est raccommodé, quand l’un des deux a eu le visage couvert d’égratignures.

Là, tel homme enfoncé dans un galetas, se dérobe à la police & aux cent yeux de ses argus, à peu près comme un insecte imperceptible se dérobe aux forces réunies de l’optique.

Une famille entiere occupe une seule chambre, où l’on voit les quatre murailles, où les grabats sont sans rideaux, où les ustensiles de cuisine roulent avec les vases de nuit. Les meubles en totalité ne valent pas vingt écus ; & tous les trois mois les habitans changent de trou, parce qu’on les chasse faute de paie-