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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/294

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vieillards grondeurs, sombres, ennemis de toutes les idées nouvelles ; & des conseilleres bien impérieuses y frondent, sans savoir lire, les auteurs dont les noms parviennent jusqu’à elles : on y appelle les philosophes des gens à brûler. Si on a le malheur d’y souper, on n’y rencontre que des sots ; & l’on y cherche en vain ces hommes aimables, qui ornent leurs idées du brillant de l’esprit & du charme du sentiment : tel homme assis dans un cercle, est un fauteuil de plus, qui embarrasse un sallon. On y voit des meubles antiques, qui semblent concentrer les préventions & les usages ridicules.

Les jolies femmes même, qu’un astre fatal a reléguées dans ce triste quartier, n’osent recevoir d’autre monde que de vieux militaires ou de vieux robins, & le tout par décence ; mais ce qu’il y a de curieux pour l’observateur, c’est que tous ces sots réunis se déplaisent & s’ennuient réciproquement. Ils n’apperçoivent que de loin la lumiere des