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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/296

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il y a dans ce canton de terribles douairieres, qui se sont incorporées aux coussins d’un fauteuil, & qui ne s’en détachent plus : souvent, au milieu d’un jardin agréable qui invite à la promenade, on a beau regarder à travers les fenêtres la lumiere brillante qui dore les arbres, on a beau bâiller & puis prêter l’oreille au chant des oiseaux ; on a beau contempler d’un œil d’envie la porte ; on vous fixe malgré vous sur un siege, & l’on vous oblige à filer ennuyeusement des cartes jusques bien avant dans la nuit ; vous ne pouvez pas plus jouir de la douce clarté de la lune que des rayons du soleil.

On ne m’y rattrapera plus. J’aime mieux relire nos longs romans, l’Astrée, Clélie, Artamene, pendant les longues soirées de l’hiver ; je suivrai les mœurs, les vertus de l’antique chevalerie ; je verrai passer sous mes regards nos bons aïeux, faisant l’amour un peu différemment de nous. Mais ils étoient heureux à leur maniere, & ils savouroient plus l’amour dans leurs soupirs longuement